(FR) La Permaculture Archane en action
"Grandir ses racines" (Growing Radicles) et le Jeu intimiste de la Permaculture Intérieure "Qu'en pensent les patates"
Un autre type de Permaculture consiste à cultiver de l’intérieur, depuis soi, dans l’intime : l’écosystème intérieur nommé l’Être auquel chaque être humain est connecté, mais qu’il utilise différemment, selon le système de pensée avec lequel il opère.
L’être humain n’est pas destructeur par nature, il le devient s’il n’a pas été initié à l’âge adulte. Une autre culture, fondamentalement responsable, est possible dès aujourd’hui.
Dans cet article, deux actions conduisant toutes deux à la synergie de la permaculture intérieure et extérieure (Permaculture Archane).
L’une apparemment née de l’extérieur, la forêt nourricière permanente et le système agroforestier syntropique conduisant à plus de connexions et de distinctions (y compris le triangle dramatique et la place que les gens lui accordent dans leur vie), à Aotearoa, en Nouvelle-Zélande.
L’autre prend apparemment sa source à l’intérieur : les sentiments des personnes avec un Menu du Possible nommé ‘Permaculture Intérieure, un jeu de l’intimité’ qui a germé à partir d’une question originale “ quel est ton chemin avec la façon dont tu te nourris ? - aussi appelée “Qu’en pensent les patates ?” “ une expérience accompagnée d’un Menu du Possible dans une ville des Pyrénées, en France.
Deux mouvements décrivent ce qui se passe réellement dans l’univers de jeu de la permaculture Archane : de l’extérieur vers l’intérieur et de l’intérieur vers l’extérieur. Comme un anneau de Mœbius doublé à l’infini autour d’un arbre plein de vie.
Passons maintenant de la première action à l’autre. Dis-moi ce qui bouge en toi en le lisant.
“Grandir ses racines” (Growing Radicles), par James Samuel
L’agroforesterie syntropique est l’expression unique d’un système naturel qui évolue grâce à des interventions humaines conscientes et volontaires, à partir d’un lieu où les hommes se reconnaissent comme faisant partie de la nature et non comme en étant séparés.
« Le but ultime de l’agriculture n’est pas la culture des récoltes, mais la culture et la perfection des êtres humains »
- Masanobu Fukuoka (La révolution d’un seul brin de paille)
Les légendes sont les histoires qu’une communauté choisit consciemment, afin de construire la matrice du changement. Voici mon récit des légendes de cet événement, pour célébrer les changements que j’ai remarqués, d’une manière que tu puisses les répéter et les partager.
Le vendredi 22 mars 2024, 30 personnes se sont réunies dans un endroit magnifique à Golden Bay (NZ), pour “S’enraciner” (Growing Radicles), un échange de trois jours d’idées, de connaissances, d’expériences et de sagesse sur le thème de l’alimentation syntropique et des systèmes sociaux.
La radicule est le stade embryonnaire de la racine d’une plante. C’est le premier organe à apparaître et à ancrer la plante pour qu’elle puisse absorber l’eau et les nutriments du sol. Lors de cet événement, les gens se sont rassemblés pour planter des racines afin de trouver une autre façon de s’approvisionner en nourriture.1
Le Village se manifeste !
Cet événement a été rendu possible grâce aux contributions de nombreuses personnes !
Tout d’abord, Gabriel Millinger m’a accompagné et a fait de la place de manière artistique à tous mes sentiments, pendant de nombreux mois, afin que je puisse découvrir l’univers de jeu que je veux co-créer avec d’autres. Il m’a aidée à retrouver ce qui me tient à cœur : Embrasser la diversité et les façons de s’approvisionner en nourriture pour que la nature (y compris les humains) puisse s’épanouir.
Reggie Luedtke est le Kaitiaki (gardien) de la terre, et il était tout à fait favorable à l’organisation de cette formation sur cette terre. Ce serait le premier événement organisé à cet endroit, et tout à fait approprié.
Janet Redmond m’a rappelé la passion que j’avais pour ce travail d’une vie, et m’a soutenue à chaque étape, en tenant l’espace lorsque la peur, la colère, la tristesse et la joie surgissaient en cours de route. Les espaces des systèmes sociaux humains qui ont été tissés tout au long de l’événement ont transporté ce ‘village d’enracinement’ vers un autre endroit.
J’ai trouvé un email pour Byron (Grows) Birss, et j’ai envoyé un message avec pour objet : Nourriture Syntropique et Systèmes Sociaux — es-tu dans le coup ? et le poster (sans autres mots) dans le corps du message. Son “oui” est arrivé dans les heures qui ont suivi, alors que nous n’avions pas eu de contact auparavant. Il a tenu l’espace et les principes de l’agroforesterie syntropique tout en retenant gentiment ceux d’entre nous, y compris moi, qui avaient envie dès le départ d’avoir des outils en main et de commencer le travail physique.
“La rapidité attire toute notre attention, mais la lenteur a tout pouvoir”
— Stewart Brand
Joel Briffault de Crafted Earth a apporté beaucoup à cet événement. L’abondance des plantes était stupéfiante, et ses connaissances et son expérience en matière de propagation et de sol, partagées avec passion, humour et humilité, étaient de l’or pur. Après une certaine appréhension à l’idée de faire une présentation devant un groupe plus important, Joel s’est rendu compte qu’il était fait pour cela. De nombreuses personnes ont exprimé leur impatience d’en savoir plus sur ce trésor de la communauté.
“J’ai été impressionné par la rapidité avec laquelle nous avons pu planter la forêt nourricière avec toutes ces beautés ! Et avec une communauté qui n’avait été réunie que quelques jours auparavant. En partageant nos ressources, nos compétences et nos connaissances, nous avons accompli tant de choses en si peu de temps. Je ne peux qu’imaginer tout ce qu’une communauté pourrait accomplir si elle était capable de faire cela tous les week-ends.”
— Duncan Mackintosh
Saci Reilly-Jasper s’est présentée à l’improviste à la première réunion, tel un ange venu du ciel. Elle venait de rentrer du Brésil, où elle s’était familiarisée avec l’agroforesterie syntropique. Sa persévérance dans la planification et l’approvisionnement en arbres fruitiers et en espèces de soutien a été cruciale. Elle jouera un rôle clé dans l’entretien permanent de cette installation expérimentale.
Le village dans son ensemble s’est mobilisé et a accepté de nous aider en nous fournissant de la nourriture, en faisant la promotion de l’événement auprès de ses réseaux et en nous fournissant des plantes, des graines, du matériel et des outils dont nous aurions besoin. Dans les derniers jours précédant l’événement, la tristesse s’est souvent échappée de mes yeux alors que je m’ouvrais pour recevoir l’abondance de soutien.
L’attention constante et inébranlable d’Irene Hubers à préparer la nourriture, dans une cuisine de camp improvisée, a démenti ses craintes de pouvoir servir un tel groupe, et lui a permis de découvrir la joie de ce rôle.
Basé sur le processus vs. basé sur les intrants
Bien qu’il ait fallu plusieurs heures de découverte, le principe n’était pas prêt d’être oublié. Sans machines, sans engrais, sans pesticides, sans insecticides, sans eau et sans bien d’autres choses encore, la plupart des cultures conventionnelles ou industrielles s’arrêteraient. Ces intrants sont nécessaires pour contrer l’impulsion inhérente à la nature de revenir (bien que lentement) à un écosystème forestier diversifié.
En revanche, l’agroforesterie syntropique s’appuie principalement sur l’humain pour soutenir les processus naturels. En appliquant des interventions conscientes, nous pouvons accélérer et soutenir la capacité de la nature à régénérer, par la succession, et à créer un écosystème diversifié et abondant.
Le triangle dramatique
Samedi soir, après le travail physique de fin d’après-midi et le dîner, Janet a présenté une exploration du triangle dramatique, ou comment nous entrons dans le marécage et comment en sortir. Les gens ont beaucoup ri en reconnaissant comment cela se passait dans leur vie, puis ils ont fait preuve de respect et de silence en laissant les uns après les autres leur vulnérabilité s’exprimer. Lorsque nous nous sommes séparés en groupes, Sylvanis, huit ans, a expliqué très clairement comment il passait de victime à persécuteur puis à sauveteur.
Établissement de “l’Enracinement”
Enfin, le dernier jour, nous sommes entrés dans le vif du sujet.
Certains ont broyé les matériaux qui étaient constamment coupés sur les bords de la zone que nous avions définie. D’autres ont commencé à enlever l’herbe. De nombreux travaux à la tronçonneuse ont produit des volumes de grumes qui ont ensuite été enterrés sous le paillis qui a formé les chemins.
Les plantes ont été mises en place et le bois et le paillis ont été appliqués au cours des trois dernières heures !
“Grandir ses racines” pour l’agroforesterie syntropique à Golden Bay est maintenant établi.
Il est en terre, il a un emplacement, les gens peuvent venir le voir, le regarder grandir et partir faire leurs propres expériences pour que l’agroforesterie syntropique puisse s’étendre à partir d’ici en se reproduisant, en tirant parti de l’expérience et des connaissances, et en propageant le matériel végétal de celui-ci pour nourrir le suivant.
Jeu intimiste de permaculture intérieure, par Gabriel Lechemin et Ludivine Thiburs
Depuis le début, et encore aujourd’hui, nous ne savons pas ce qui se passe avec ce jeu et à quelle vitesse il a été partagé entre les habitants de notre ville. Nous ne savons pas ce que nous allons faire, et pourtant, une extase se produit avec la peur chaque fois que nous tenons l’espace pour ce jeu inspiré par le Menu du Possible et l’expérience de “Qu’en pensent patates ?”. Un sentiment de simplicité et une joie de trouver des pépites dans l’interaction humaine, en laissant de l’espace pour que l’extraordinaire se produise.
Une légende est un résumé d’un événement qui s’est produit et qui est souvent trop complexe pour être partagé de manière linéaire, sinon il faudrait des siècles pour le transmettre. La forme qu’elle prend est généralement liée à un mystère et prend la forme de poèmes, de mythes réels qui décrivent ce qui s’est passé comme une métaphore. Les idées se répandent donc comme un feu, avant d’être diffusées comme un virus culturel.
Nous sommes tous deux témoins de ce feu en action.

Après avoir organisé quelques Menus du Possible dans notre ville de Bagnères de Bigorre, depuis le début de la Maison-Passerelle Art’chiarchie, nous avons mélangé cette expérience avec celle de “Qu’en pensent les patates ?” : Le jeu intimiste de la permaculture intérieure est né.
L’objectif de ce jeu est de mettre les gens en contact avec leurs sentiments. 4 cartes représentant 4 thèmes différents sont représentées : Connexion, Important, Inconnu et Ouverture. Ces 4 directions sont censées ouvrir les 4 sentiments de la Gestion du Possible, un Univers de Jeu qui est à l’origine de la Permaculture Archane.
Au premier abord, certaines questions sont posées : “Le jardinage intérieur, oui, j’adore ça ! Et qu’est-ce que je dois faire ?”
Le panneau attire beaucoup de monde, oui il fonctionne, premier retour d’expérience : “Allez-y !”. L’une des premières questions que nous posons est : “Veux-tu prendre une carte et jouer à ce jeu ?”.
- Oui, de quoi s’agit-il ?
C’est un jeu intimiste sur la permaculture intérieure, tu veux jouer ?
Alors que la personne se lance généralement dans le jeu avec crainte, elle demande :
“Est-ce que je suis censée me lire à moi-même et répondre ensuite ?”
-Je te propose de te lire la question et ensuite tu réponds, tu es d’accord ?”.
Et ainsi de suite…
Je me réjouis de la curiosité des gens et du fait que les cartes créent une passerelle vers des valeurs non matérielles. Après de nombreux tentatives, nous avons découvert que le menu du possible exige un tel saut dans l’inconnu que beaucoup ne sont pas prêts (à cause de leurs peurs) à s’y engager. Avec les cartes, l’idée d’avoir des possibilités devient accessible, visible, touchable.
Es-tu prêt à participer à ce jeu ?
L’invitation est lancée et diffusée.
Un article écrit à 4 mains, Gabriel Lechemin et James Samuel, avec le soutien de Ludivine Thiburs.
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‘Radicles’ se prononce également de la même manière que ‘radical’, une personne qui ouvre de nouvelles voies et de nouvelles manières d’être et de faire.
Le nom "Growing Radicles" désignait donc cet événement comme la première étape d'un voyage transformateur visant à faire grandir des êtres humains qui, à leur tour, cultiveront leur nourriture d'une manière différente et régénératrice, et régénèreront la terre au cours de ce processus.
- citation de James Samuel
La traduction “Grandir ses racines” pourrait aussi se traduire par “S’enraciner et évoluer” et je suis encore en recherche d’une traduction plus complète.
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